Rendez-vous avec… Florence Mermet-au-Louis

L’actuelle responsable de l’aumônerie du Centre hospitalier de Dole revient sur l’état de l’hôpital public au moment de la crise de la Covid-19.

Quelle est la situation à l’hôpital de Dole par rapport à l’actuelle pandémie ?

Les journaux régionaux relatent régulièrement ce qu’il se passe dans les hôpitaux avec des chiffres, des données, des moyennes… Ce que je constate, depuis mon poste de responsable d’aumônerie, c’est qu’il n’est pas aisé de mettre en œuvre la visite du plus faible, son accompagnement, l’écoute de ses peurs et de ses questions  tout en appliquant les gestes barrières : un masque qui, comme son nom l’indique, masque le sourire, ne permet  pas d’être bien entendu. Il y a une distance à tenir, laquelle ne permet ni de toucher ni de réconforter. Mais depuis mars 2020, je m’adapte… Un regard et un instant de silence, une présence bienveillante (la mienne, mais surtout celle de Celui  qui m’envoie et qui m’accompagne) remplacent  bien des discours.

Les personnes touchées par le virus, ainsi que leur famille, pensent-elles à contacter le responsable d’aumônerie que vous êtes ou l’équipe qui collabore avec vous ?

Tout d’abord, les membres bénévoles de l’équipe n’ont plus le droit de visiter depuis le début de la pandémie. Je n’ai pas de demandes spécifiques, pour les malades touchés par le virus. Et pour tous les services de l’hôpital  je ne me rends près des malades qu’à leur demande et avec l’autorisation d’un soignant du service (médecin, infirmière ou cadre de santé). La demande du sacrement où de la prière est  en général  demandée par la famille qui, bien souvent, attend l’extrême limite. Dans le contexte actuel, cette dernière n’ayant pas été autorisée à rendre visite à leur proche, elle ne pense pas toujours à faire appel aux services de l’aumônerie. Mais il y a des petites lumières, comme ces soignants qui me sollicitent, car une résidente sans famille n’est pas très bien et ils ont repéré sur sa table de nuit un chapelet et une petite statue de la Vierge. Il ne faut pas toujours attendre des grandes démonstrations de foi. C’est parfois dans  des petites choses que l’on trouve les plus beaux signes d’espérance, la présence de Dieu.

L’épidémie a-t-elle fait changer votre regard sur l’état de notre société ? On peut penser par exemple que la solidarité entre soignants et malades s’est renforcée mais que, a contrario, certains ont été gagnés par la solitude liée aux confinements successifs.

Je ne sais pas si l’épidémie a changé mon regard sur la société car je suis plutôt  optimiste. Je ne suis pas adepte du « c’était mieux avant ». L’épidémie est là et je dois faire et avancer avec. Je suis responsable  comme chacun d’entre nous, de ce que je vais laisser aux plus jeunes. La solidarité a été forte au début (peut- être pensait-on qu’au bout de 2 mois tout rentrerait dans l’ordre) mais je sens qu’elle s’essouffle. Les soignants sont fatigués. L’information et la désinformation des médias ajoutent un stress aux malades, qui regardent beaucoup la télé. Le jour de la chandeleur un monsieur de l’EHPAD me parlait « des chants de leurre » des politiques J. Il y a quand même beaucoup d’électricité dans l’air. Cette pandémie m’oblige à me remettre en question, à réinventer la visite. Par exemple : dans l’impossibilité de célébrer la messe de Noël, j’ai chanté dans les services d’Ehpad, avec l’animatrice et l’ergothérapeute  devant chaque chambre. Et les chants de Noël sont pour beaucoup religieux et plein d’espérance à travers la naissance de Jésus. Le thème du dimanche de la santé était  « Tout le monde te cherche… » .  A l’hôpital je fais mon possible pour aider à chercher dans la bonne direction : celle de l’empathie, de la bienveillance, du respect de l’autre quel qu’il soit, de l’écoute.


Propos recueillis par Pierre Compagnon

 

 

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