Balade oecuménique à la chapelle de Saint-Sorlin dans le Jura en 2023

Le groupe GOTT (groupe œcuménique de travail thématique) se rencontre bimestriellement à Champagnole, lieu central pour la douzaine de participants et, de temps à autre, propose une sortie culturelle dans la région.
Cette année, le 19 septembre, ce fut une promenade passionnante : une dizaine de personnes du groupe, auxquelles s’ajoutaient autant de paroissiens du doyenné de Clairvaux-les-Lacs, avaient rendez-vous devant l’église de Charcier. Une légère averse accompagnait les présentations sous le porche, opportunément calmée lorsque nous nous sommes mis en route vers la chapelle de Saint-Sorlin, guidés par Michelle Jaffrennou qui qualifiait la montée de tout à fait « faisable » même sans 4x4. Oh la la !

Un peu d’histoire. Au cours d’une demi-heure de marche, ponctuée de haltes, sur  le chemin qui mène à la chapelle, Michelle nous a instruits de l’histoire des lieux et des hommes qui les ont marqués. Situé au dessus de la Combe d’Ain, le site a été façonné depuis plus de 20 000 ans par un glacier qui a laissé des moraines formant le verrou glaciaire de Blye. Cette origine glaciaire a influencé la vie de nos ancêtres du néolithique, sédentarisés dans des villages lacustres il y a 4000 ans. Ils ont pu ressentir la notion de transcendance à travers l’importance des sources, pertes et résurgences caractéristiques de la région. Les Celtes qui l’ont ensuite peuplée ont sacralisé ces lieux. 

[De Saturne à Saturnin]

Puis les Romains, incorporant les dieux celtes au panthéon gréco-romain, y ont construit des temples, comme à Villard d’Héria ou ici, où le flanc est de la colline abrite une source. Ils y célébraient les Saturnales, fêtes du solstice d’hiver dédiées à Saturne, au cours desquelles on échangeait des cadeaux. A l’ère chrétienne, les cérémonies religieuses se sont superposées aux fêtes gallo-romaines, des prieurés ont remplacé les temples romains. Le culte de saint Saturnin s’est substitué à celui de Saturne. Saturnin, également connu comme saint Sernin, Sornin ou Sorlin, évêque de Toulouse au IVe siècle, est mort martyr attaché à un taureau et traîné jusqu’à la mort, pour avoir refusé de faire des sacrifices aux dieux païens.

Au Moyen-âge, la route qui était déjà à l’époque romaine une voie très importante vers Lyon (Lugdunum, capitale des Gaules), est protégée pour contrôler le transport du sel vers le sud et le Léman. En 1301, le seigneur de Clairvaux y construit un château fortifié. Le prieuré devient une église. Louis XI, cherchant à annexer la Franche Comté, détruira tout cela au XVe siècle. 

 [Un ermite bâtisseur]

C’est Joseph-Elie Simonin, né en 1792 au hameau voisin de Lieffenans, qui, au début du XIXe siècle, mettra en lumière la chapelle vers laquelle nous marchons. Michelle nous détaille les étapes de sa vie, sous la Terreur révolutionnaire, l’Empire napoléonien, la Restauration, toutes époques pendant lesquelles l’Eglise catholique connaît des hauts et des bas. A 40 ans, Joseph-Elie Simonin décide de laisser ses terres à son frère et de réparer la chapelle pour s’y retirer avec sa femme dans le silence, la prière et la pauvreté. Il restaurera ensuite l’ermitage de Conliège et l’église Saint-Etienne de Coldres, deviendra frère franciscain en 1842. En 1850, après le décès de son épouse, il rejoindra les Spiritains et sera responsable des travaux de leur séminaire en Auvergne, près de Riom, où il a été enterré. Ses ossements, déposés ensuite aux Antiquités historiques régionales, seront retrouvés par ses descendants et ramenés le 9 août 1987 dans la chapelle de Saint-Sorlin, restaurée par l’association créée à cette époque. Depuis, un pèlerinage a lieu chaque premier dimanche d’août. Régulièrement, des voisins du lieu viennent entretenir avec passion ce bâtiment, toute l’année ouvert au public, sans jamais avoir constaté de dégâts. 




La visite
. Arrivés au sommet, les ruines du château, une niche abritant la personne de Marie nous permettaient une halte puis, près de la chapelle, les participants ont visité les lieux, observé les sculptures rappelant le martyre de Saint-Sorlin à l’entrée de la chapelle, et, à l’intérieur, la plaque recouvrant ses ossements. La cloche a été sonnée par les uns et les autres (c’était vraiment lourd !) indiquant notre présence  dans cet espace chargé d’histoire et de spiritualité, « un lieu de prière où l’on ne parle qu’à Dieu ».

Nous avons partagé une intercession inspirée de cette phrase écrite dans la chapelle et des médiations de frère Roger (Taizé, 1966), « Unité dans le pluralisme » puis une prière d’action de grâce. Une unité pleinement vécue lors de cette belle rencontre ensoleillée par le temps et aussi par la fraternité si vivante  vécue au nom du Christ qui nous rassemble, ce qui a réjoui les paroissiens de Clairvaux autant que les membres du GOTT.

Bien sûr, la descente fut plus facile, d’autant plus qu’un copieux goûter nous attendait devant l’église de Charcier. Merci à chacun, à refaire… 

La suite. Au printemps, nous retournerons sans doute à l’église de Villevieux pour une présentation commentée des vitraux relatant la vie de l’évangéliste Paul en déambulant devant les 24 médaillons en 10 verrières.

Michelle Jaffrenou
Sylvie Menneteau-Colomer
Waltraut Clauss

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